Des changements sont nécessaires : bâtissons-les ensemble

Financement
01 Philippe Eve

Mot du président et de la directrice générale et vice-présidente aux affaires publiques

Au cours des dernières semaines, notre industrie a été bien présente dans l’actualité. L’ADISQ, et par le fait même, les entreprises du milieu de la musique, ont été la cible de critiques. Nous croyons essentiel de prendre aujourd’hui la parole à ce sujet.

En musique, l’heure est grave. Depuis presque 20 ans maintenant, nous assistons à une fragilisation de notre écosystème, laquelle s’accentue à mesure que l’adoption des services d’écoute en continu se généralise. La crise de la COVID-19 a accéléré le phénomène. Nous voici en train d’émerger de deux années noires, sans avoir la certitude que la crise est bien derrière nous, au contraire.

Dans une telle situation, il ne faut sans doute pas s’étonner de constater que notre milieu dans son ensemble souffre et cherche des solutions pour assurer la pérennité d’une offre musicale locale forte, capable de continuer de se renouveler.

L’ADISQ, qui représente des femmes et des hommes qui se consacrent au développement des carrières des artistes d’ici, est à cet égard très active, sur plusieurs fronts à la fois.

En matière de relations de travail, que cela soit bien clair : nous avons une ferme volonté de réviser en profondeur les ententes collectives qui nous lient avec les associations d’artistes. L’heure n’est pas au rafistolage d’ententes désuètes et décalées des défis auxquels nous faisons face. Nous avons besoin d’ententes collectives modernes et souhaitons les construire dans un climat d’ouverture et de confiance, en dialoguant avec nos partenaires.

Ne nous trompons pas de cible : le marché québécois de la musique est petit et singulier. Depuis plus de 40 ans, notre musique rayonne et se fraie un chemin jusqu’aux oreilles et au cœur des Québécois dans des proportions impressionnantes. Parce qu’elle est belle, bien sûr, mais aussi parce que nous avions réussi à mettre en place toutes les conditions pour lui permettre d’atteindre ces succès.

Ces conditions sont à renouveler aujourd’hui - parce que les règles d’hier ne permettent plus à notre musique de rayonner comme elle le devrait.

Dans une lettre ouverte signée par l’ADISQ et l’APEM et parue jeudi dernier dans La Presse, nous avons dévoilé en exclusivité des chiffres attendus depuis longtemps : sur les services d’écoute en continu monitorés par MRC Data, la musique d’ici ne représentait, la dernière semaine d’octobre, que 7% des écoutes totales, une part bien inférieure à celles historiquement observées dans les ventes physiques (environ 45% à 50%) ou à la radio commerciale (65%).

Dans l’univers inéquitable et gravement déséquilibré des plateformes en ligne, la qualité de notre production musicale et les efforts imposants déployés pour la commercialiser ne peuvent suffire. Il faut réviser les règles du jeu. Entre le public et notre musique, se dressent de nouveaux partenaires obligés, puissantes entreprises, presque toujours étrangères, face auxquelles nous avons bien peu de poids.

Pour réussir, l’heure n’est pas à la division. Serrons-nous les coudes et travaillons ensemble à mettre en place les meilleures conditions pour faire vivre notre musique, entre nous et face à ces géants.

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