Mot du président et de la vice-présidente aux affaires publiques et directrice générale
Les beaux jours du spectacle, le printemps difficile du projet de loi C-10.
L’infolettre que vous lisez n’a pas toujours été coiffée d’un mot de la directrice générale et du président. Cette habitude a pris naissance en avril 2020, parce que le besoin de communiquer différemment se faisait sentir en raison de la situation si particulière dans laquelle nous nous trouvions. Nous étions alors convaincus que cela serait non seulement temporaire, mais demeurerait exceptionnel. Nous n’imaginions certainement pas qu’il faudrait attendre plus de 14 mois pour évoquer, enfin, l’amorce d’un retour vers une certaine normalité. Mais nous y voilà enfin l’écrire : les beaux jours sont à notre porte.
La semaine dernière, le premier ministre François Legault a enfin dévoilé un plan de déconfinement pour le Québec au complet. Il comporte de nombreux détails, mais rappelons-en l’essentiel : le couvre-feu a été aboli ; à l’intérieur comme à l’extérieur, il est possible de réunir 250 personnes dans un même espace et, lorsque les installations le permettent (entrées et sorties indépendantes, cloisons, toilettes, etc.), ce nombre peut aller jusqu’à 2500. Si tout continue d’évoluer rondement, l’ensemble du Québec sera en zone verte dès le mois de juillet. Encore plus encourageant, dans l’état actuel des choses, la Santé publique est optimiste quant à la possibilité d’augmenter encore les allègements à l’automne.
Pour le milieu de la musique et du spectacle, ces nouvelles sont de véritables bouffées d’air frais, même si les défis demeurent immenses. Comme on l’anticipait, nombreux sont les artistes qui souhaitent retrouver au plus vite leur public. Mais les vitrines de diffusion sont limitées tout comme la capacité du public à consommer des spectacles. Heureusement, des mesures demeurent en place pour permettre à ceux qui le souhaitent de continuer de rejoindre leur public de toutes sortes de façons : le 20 mai, la SODEC a par exemple annoncé la reconduction de son programme d’aide aux initiatives innovantes pour les projets de relance culturelle. Le programme de soutien aux événements devant public administré par Musicaction est toujours en cours. Notons aussi que la ministre de la Culture et des Communications a annoncé récemment que 2,5 M$ découlant du budget d’avril sont octroyés aux festivals de musique et variétés.
Parce qu’il ne faut pas oublier que malgré ce vent d’espoir et d’optimisme, nous sommes encore loin d’un modèle où la rentabilité est envisageable et où les salles sont combles.
Alors que les entreprises du secteur de la musique sont à pied d’œuvre pour préparer ce début de relance, l’ADISQ et plusieurs autres organismes culturels ont été fort occupés en raison des développements du projet de loi visant à moderniser la loi sur la radiodiffusion. Déposé en novembre 2020 et qualifié d’historique, C-10 se trouve maintenant en difficulté depuis plusieurs semaines, en raison du retrait d’un article qui visait à exclure les médias sociaux (dont YouTube) de la portée de la loi. Alors que ce retrait était nécessaire selon le milieu culturel et qu’il a été approuvé par la majorité des membres du comité parlementaire chargé d’étudier le projet de loi, le Parti conservateur affirme y voir une menace à la liberté d’expression. Depuis, C-10 est bloqué et chaque jour qui passe rend plus improbable son adoption avant la fin de la session parlementaire.
La déception est grande dans le milieu culturel, bien sûr. Mais l’ADISQ et plusieurs autres organismes du milieu culturel demeurent très actifs et font tout en leur possible pour maximiser les chances de le voir adopter malgré tout. Et si cela ne survient pas avant la fin du mois de juin, tout n’est pas perdu, au contraire. Des efforts importants continueront d’être déployés pour qu’il soit rapidement remis sur les rails lors de la prochaine session parlementaire.